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Le mariage avec une personne violente n’est pas la volonté de Dieu

Le vicaire évêque Justin : « Chaque jour, nous rencontrons un grand nombre de relations familiales perturbées. »

Le mariage avec une personne violente n’est pas « la volonté de Dieu ». Chaque être humain est créé à l’image de Dieu. Cela signifie que Dieu a pour volonté que les gens soient libres, qu’ils développent leur potentiel en tant qu’êtres uniques, et qu’ils se libèrent des sentiments de honte liés à tout cela.

C’est la manière dont l’évêque vicaire Justin de Hvostan, coordinateur des activités humanitaires de l’archevêché de Belgrade et Karlovci, voit la violence conjugale, qui affaiblit notre société et dans laquelle les femmes souffrent principalement. Dans une interview pour le site d’information « Novosti » et en s’appuyant sur l’expérience acquise au Conseil pour la famille, le mariage et l’éducation (l’une des sections de l’Œuvre caritative), l’évêque déclare que la dépendance économique des femmes est l’un des facteurs clés de leur passivité et de leur résignation face à une réalité abusive. Cependant, il sous-entend aussi que l’Église et les autres facteurs sociaux devraient jouer un rôle plus important dans la prévention de la violence conjugale.

Les femmes victimes de violence conjugale se présentent-elles à la tutelle caritative religieuse ? Cherchent-elles de l’aide de la part de l’Église ?

L’Œuvre rencontre chaque jour un grand nombre de relations familiales perturbées de manières diverses. Depuis 1996, on trouve le Dr Milijana Savić à la tête du conseil. Elle a acquis beaucoup d’expérience grâce à son implication dans la guerre en Bosnie-Herzégovine, où, avec l’organisation humanitaire « Aide à la famille », elle a secouru de nombreuses femmes ayant vécu divers traumatismes. Les femmes victimes de violence viennent souvent nous voir et nous essayons d’écouter leurs problèmes et de leur offrir du réconfort. Parfois, elles ont juste besoin de quelqu’un pour les écouter, les encourager et leur donner de l’espoir. Dans de tels cas, nous les accompagnons psychologiquement afin qu’elles réussissent à se débarrasser de leurs sentiments de culpabilité et de honte, qui sont souvent imposés aux victimes de violence.

En quoi le mariage, en tant que sacrement, est-il lié à la violence qui peut parfois survenir dans son cadre ?

 

Nous remarquons chez les femmes pieuses une fausse perception selon laquelle toute réflexion sur les problèmes dans le mariage, et même la possibilité d’un divorce, représente une honte et un échec devant Dieu. C’est-à-dire qu’il est « agréable à Dieu » qu’une femme subisse des violences au nom du « caractère sacré du mariage », ce qui les empêche de se libérer et de développer leurs propres forces et opportunités afin de sortir du cercle vicieux de la violence. Le sentiment de honte joue un grand rôle, car il est lié avant tout à notre compréhension de nous-mêmes. Si nous éprouvons de la honte en raison de qui nous sommes, cela équivaut à une crise identitaire.

Quelles valeurs l’Église place-t-elle à un niveau plus élevé ; l’institution du mariage ou les relations entre conjoints et leurs enfants ?

Souvent, et parfois même dans l’Église, nous mettons en avant l’importance de l’institution (dans ce cas le mariage), en oubliant les personnes qui constituent cette institution. C’est précisément pour ces raisons que les relations au sein du mariage deviennent secondaires par rapport à l’institution du mariage « en soi ». Ces réflexions absolvent les agresseurs, car on considère le mariage comme sacré et on cherche à le préserver à tout prix, sans tenir compte de la destruction irréversible des relations au sein de cette union. La responsabilité des prêtres est de faire connaître la vérité chrétienne qui a conquis le monde, à savoir la sainteté de l’être humain et de la vie. Autrement dit, l’idée fausse de préserver le mariage par la violence envers un être vivant est un péché en soi. L’Église est chargée d’une grande tâche pour mettre en évidence ce paradigme au premier plan, ce qui changera d’autres résultats dans nos observations de la vie et du christianisme.

L’encouragement et la conversation entre la victime et le prêtre aident-ils dans de tels cas ?

Le plus important reste que la violence conjugale ne se produise point. Lorsqu’elle est déjà présente au sein du couple, le problème devient incontrôlable et les relations familiales, endommagées, peuvent difficilement revenir à la normale.

Comme pour toute personne subissant de la souffrance, la conversation et le réconfort sont essentiels. Cependant, dans de nombreuses situations spécifiques, les victimes ont besoin d’encouragements pour résister à la violence. Ce n’est pas faisable avec de la violence, mais avec l’amour, le soutien et l’attention des proches, ainsi que celui de la communauté ou de la société.

Les prêtres parlent-ils suffisamment de ce problème social dans les églises ?

Notre expérience montre que la violence se produit presque toujours dans les familles qui ne viennent pas à l’Église et ne mènent pas une vie liturgique active basée sur le développement de leur relation avec Dieu et avec les personnes de la communauté liturgique. À plusieurs reprises au cours de l’année, les prêtres parlent de violence et de la position de l’Église face à celle-ci à travers l’interprétation de l’Évangile, mais ils ne peuvent tout simplement pas s’adresser à ceux qui sont absents.

Les prêtres, sachant que la plupart d’entre eux connaissent bien leurs paroissiens, peuvent-ils s’impliquer d’une manière ou d’une autre dans la prévention de la violence conjugale, soit par des conversations ou en alarmant les institutions ?

Naturellement, et je crois que la plupart d’entre eux le font. Le clergé a un grand potentiel parce qu’il connaît ses paroissiens et c’est un bon cadre pour ses actions. Il y a depuis de nombreuses années, l’idée d’établir un service familial spécial qui traiterait ce problème au sein de chaque paroisse. En Russie, de tels centres de conseil ont vu le jour il y a 20 ans et ont permis de résoudre de nombreux problèmes familiaux, voire d’augmenter le taux de natalité. En fonction de sa perspicacité, le prêtre peut prédire quelles familles sont dysfonctionnelles et leur proposer son aide. Mais il ne faut pas s’attendre à de grandes améliorations et à des miracles en nous reposant sur un seul homme. De même que le clergé détient la responsabilité de sa paroisse, il est également nécessaire que l’Église, sur le plan institutionnel, en coopération avec d’autres facteurs de la société, prenne en charge les prêtres, leur formation et leur éducation continue dans le domaine de la pastorale en fonction des problèmes spécifiques de leur service. Je crois que c’est la tâche qui nous attend pour affirmer les paroisses comme de nouvelles cellules de la société, dans lesquelles il n’y aura aucune tolérance pour la violence.

Y a-t-il suffisamment de discussions avec les enfants à propos de la violence en général et en particulier contre les femmes, dans les cours d’éducation religieuse ?

Je suis d’avis qu’il ne faut pas accabler les enfants avec des images et des exemples négatifs (il y en a trop autour de nous) et qu’on a tort de les exposer à ce problème dès leur plus jeune âge. Nous constatons aussi qu’en parlant aux enfants ayant déjà subi des violences, ils sont davantage privés du sentiment de sécurité et de retour à la société. Seuls l’amour, l’attention et le sentiment de joie d’appartenir à une communauté les guérissent correctement. Le catéchisme vise principalement à inspirer les étudiants par rapport à leur relation avec les autres et avec Dieu. Ces relations doivent être fondées sur le respect et l’amour et excluent toute forme de violence. Car justifier toute forme de violence va à l’encontre des croyances chrétiennes. Par conséquent, les professeurs de religion dans les écoles secondaires peuvent souligner cette vérité de diverses manières, y compris en traitant le sujet de la violence domestique. Nous voyons clairement le potentiel social de l’Église, incarné par le clergé et les enseignants religieux. Je n’ai pas l’intention de faire passer cela pour un éloge sans réserve, mais plutôt comme une invitation aux autres acteurs sociaux à trouver en nous un partenaire pour tous ces sujets qui nous sont proches et sur lesquels nous sommes d’accord, afin que nous puissions construire des relations plus étroites.

COMMENT SE RENDRE AU TRAVAIL

« Nous avons compris qu’un travail et un salaire sont la clé d’un avenir stable pour les femmes qui sortent de la Maison refuge, chez l’Œuvre caritative », affirme l’évêque vicaire Justin.

« Nous savons que la Maison refuge, est très impliquée et qu’ils trouvent souvent des emplois féminins, mais à travers nos connaissances, notre implication ainsi que celle de l’Église ont aidé de nombreuses femmes dans le processus de leur retour dans la société à la suite d’un traumatisme. »

SOUFFRIR À CAUSE DES DESCENDANTS

Les femmes victimes de violences sont le plus souvent aussi des mères. Comment cette circonstance affecte-t-elle leur position difficile ?

Encore une fois, nous parlons de dépendance économique. Cela se traduit par le fait qu’une femme s’occupe aussi de ses enfants, ce qui augmente la pression sur elle, surtout dans des conditions où elle ne dispose pas de soutien matériel. La violence conjugale est principalement causée par de mauvaises relations économiques, la peur de sacrifier son enfant, mais aussi la honte face à sa famille et face à Dieu. À nous de servir, chacun dans notre domaine, et lutter pour les valeurs justes en plaçant l’individu au centre de notre combat contre la violence.

Extrait du quotidien « Novosti »

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